Commissaire de Police : Métier et Concours

Présentation du métier

Qu’est-ce qu’un commissaire de police ?

Le commissaire de police est un cadre supérieur de la police nationale appartenant au corps de conception et de direction. Placé sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, il dirige un service ou un commissariat et assume la responsabilité opérationnelle et administrative de son unité. Il exerce également les fonctions d’officier de police judiciaire.

Avec environ 1 700 commissaires représentant 1,2% des effectifs de la police nationale, dont 30% de femmes, ce corps d’élite comprend trois grades : commissaire de police, commissaire divisionnaire et commissaire général. Le commissaire incarne l’autorité de l’État et joue un rôle crucial dans la mise en œuvre de la politique de sécurité publique au niveau local.

Missions principales

Les missions du commissaire de police sont stratégiques et diversifiées :

Direction et management : Il assure la direction hiérarchique, fonctionnelle et opérationnelle de son service, fixant les orientations et supervisant l’ensemble du personnel sous son autorité. Il gère les ressources humaines, le budget et la communication externe de son unité.

Conception et stratégie : Il participe à l’élaboration et l’évaluation des programmes de prévention de l’insécurité et de lutte contre la délinquance, définissant les priorités d’action selon les orientations nationales et locales.

Coordination opérationnelle : Il coordonne les enquêtes complexes, supervise les opérations de maintien de l’ordre et peut intervenir directement sur des affaires sensibles (criminalité organisée, terrorisme, cybercriminalité).

Relations institutionnelles : Il entretient des relations étroites avec les préfets, procureurs, élus locaux et autres organismes sociaux ou éducatifs, assurant ainsi le lien entre la police et les autres acteurs de la sécurité publique.

Expertise judiciaire : En tant qu’officier de police judiciaire, il exerce certaines fonctions de magistrat prévues par la loi et peut diriger des unités spécialisées (renseignement, lutte contre l’espionnage, protection rapprochée).

Compétences et qualités requises

Le commissaire de police doit combiner des compétences techniques et humaines exceptionnelles :

• Leadership et autorité naturelle pour diriger et motiver ses équipes
• Capacité décisionnelle rapide et pertinente en situation de crise
• Rigueur et sens de l’organisation dans la gestion administrative
• Diplomatie et sens du contact pour les relations institutionnelles
• Résistance au stress et équilibre psychologique face aux situations difficiles
• Maîtrise du droit pénal et des procédures judiciaires
• Excellente culture générale et capacité d’analyse
• Intégrité morale irréprochable et exemplarité

Conditions de travail

Le commissaire de police travaille dans des conditions exigeantes avec une forte disponibilité requise (nuits, week-ends, urgences). Il peut être affecté en commissariat, dans des services spécialisés (police judiciaire, DGSI, CRS) ou à la préfecture de police de Paris.

La mobilité géographique est obligatoire : un commissaire ne peut rester plus de 4 à 6 ans sur le même poste. Cette contrainte nécessite d’anticiper sa carrière et ses affectations futures. Le métier expose à des situations potentiellement dangereuses et à une pression psychologique importante, compensées par un fort sentiment d’utilité publique et des responsabilités valorisantes.

Les épreuves du concours externe de commissaire de police

Le concours externe de commissaire de police est l’une des cinq voies d’accès au corps de conception et de direction de la police nationale. Il est ouvert aux titulaires d’un diplôme bac +5 (master 2 ou équivalent). Le processus de sélection est réparti en trois phases : admissibilité, pré-admission et admission. Toutes les épreuves sont obligatoires et notées sur 20, avec des coefficients spécifiques. L’absence à une seule épreuve entraîne l’élimination du candidat.

Épreuves d’admissibilité

Cette phase comporte quatre épreuves écrites notées et un test psychotechnique :

• Dissertation de culture générale (5h – coefficient 4) : Sujet d’ordre général relatif à l’évolution des idées et des faits politiques, économiques et sociaux depuis 1900. Elle permet d’évaluer les capacités d’analyse, d’argumentation et la qualité de l’expression écrite.
• Cas pratique administratif (4h – coefficient 4) : À partir d’un dossier documentaire de 30 pages maximum, le candidat propose des solutions argumentées à une situation professionnelle. L’objectif est de juger sa capacité à se projeter dans une posture opérationnelle, à analyser un contexte et à prendre des décisions.
• Composition juridique 1 : droit administratif, libertés publiques et/ou droit de l’Union européenne (3h – coefficient 4) : Épreuve juridique classique destinée à mesurer les connaissances fondamentales du droit public.
• Composition juridique 2 : droit pénal général et/ou procédure pénale (3h – coefficient 4) : Cette épreuve évalue la maîtrise du droit pénal et de la procédure. L’usage des codes (pénal, procédure pénale, sécurité intérieure) est autorisé, sous conditions strictes (pas d’annotations, uniquement éditions commerciales).
• Tests psychotechniques (2h30 – non notés) : Ils mesurent les aptitudes intellectuelles, le profil psychologique et le potentiel professionnel. Les résultats sont transmis au jury pour l’épreuve orale d’admission.

Épreuves de pré-admission

Les candidats admissibles doivent fournir un certificat médical d’aptitude (datant de moins de 3 mois), puis passer deux épreuves sportives éliminatoires :

• Parcours d’habileté motrice (PHM) : Test chronométré simulant des gestes professionnels dans un contexte opérationnel.
• Test d’endurance cardio-respiratoire (TECR ou Luc Léger) : Course par paliers progressifs.

Une note inférieure à 7/20 à l’une ou l’autre de ces épreuves est éliminatoire. Coefficient global : 3.

Épreuves d’admission

Cette phase comprend trois épreuves orales déterminantes :

• Entretien avec le jury (40 min – coefficient 9) : Débute par une présentation libre du candidat (5 minutes max), puis échange avec le jury sur sa personnalité, ses motivations, sa culture générale et son aptitude à exercer les fonctions de commissaire. Note inférieure à 5/20 = élimination. Les titulaires d’un doctorat bénéficient d’un format adapté (présentation de 10 minutes de leurs travaux).
• Mise en situation individuelle (préparation : 30 min / présentation : 30 min – coefficient 6) : À partir d’un cas professionnel fictif (dossier de 10 pages max), le candidat expose ses analyses, propose des réponses concrètes, puis répond aux questions du jury. L’évaluation porte sur les compétences en management, les capacités relationnelles et l’adhésion aux valeurs de la police.
• Épreuve orale de langue vivante (préparation : 20 min / entretien : 20 min – coefficient 2) : Conversation à partir d’un texte en anglais, espagnol ou allemand (choisi à l’inscription). Aucun changement de langue n’est possible après clôture des inscriptions.

Visite médicale obligatoire

Les candidats déclarés admis doivent passer une visite médicale approfondie avec un médecin statutaire de la police nationale. Elle évalue la conformité aux conditions de santé exigées pour exercer des fonctions actives. Un avis d’inaptitude temporaire peut être contesté, ou faire l’objet d’un maintien de bénéfice du concours dans certains cas.